Le Tysfjord (1996)

Apres notre visite en Argentine, l'envie de cotoyer les orques se faisait de plus en plus pressente. Jean m'informe (suite a un reportage) qu'en Octobre, des quantites importantes de poissons se regroupent dans un fjord de Norvege, le Tysfjord, afin de se reproduire, ... et que les orques s'y regroupent a la meme epoque pour le banquet. Il organise une expedition en camping car sur place.

Pour notre part, esperant "mettre en route" un frangin pour Maeva, nous declinons l'invitation, tout en laissant la possibilite de rejoindre l'equipe par nos propres moyens.

Peu de temps avant le depart, ne voyant rien venir (je ne m'appelle pas Anne) du cote de Nathalie, nous nous mettons a la recherche d'un vol pour Bodo, via Oslo et d'un camping car. Bertrand, se joint a nous.

De son cote, Jean voit les participants a son expedition se desister l'un apres l'autre. ... Ils finissent, avec Odile, par integrer notre equipe.

C'est par un soir d'Octobre glace (le Tysfjord est au dessus du cercle polaire artique), que Jean et Odile prennent pocession de notre camion. Nous les rejoindront le lendemain matin.

Nous prenons la route (verglacee) pour Drag. A vol d'oiseaux, la distance est courte, mais la realite est toute autre. la decoupe de la cote est telle, que la distance est multipliee par 2 ou 3. C'est a la nuit tombee que nous nous posons pres du port de Drag. ... la lumiere baisse vers 16h et il fait nuit noire a 16h30!!!!.

Le soleil est leve a 9h. Nous faisons les magasins, histoire de s'approvisionner en denree fraiche. Jean et Odile, parfaitement anglophone, traine sur le port a la recherche d'un pecheur suceptible de nous emmener en mer avec son chalutier.

Notre camping car est positionne sur une hauteur, face a la mer. Nous passons le reste de notre courte journee a nous relayer sur le toit du camion pour surveiller la mer avec des jumelles.

Nos interpretes ont trouve un bateau et son capitaine pour demain. Pas tres chaud le mec.

Le matin. Nous preparons notre materiel, ... sauf le materiel de plongee, nous ne voulons pas afoller de marin. Le bateau prend la mer sous un ciel de plomb, avec un soleil rasant. Apres quelques minutes de navigation, nous appercevons des ailerons au loin. L'excitation gagne le bateau. Au fur et a mesure que nous approchons, le groupe qui nageait s'arrete et se met en formation "d'attaque". Nous arrivons sur la troupe, juste au moment ou commence la chasse.

Les orques ont encercle un banc de harengs. Ils tournent autour en nageant sur le cote afin de leur montrer leur ventre blanc et de les apeurer. En meme temps ils soufflent par leur event, histoire de creer un rideau de bules. Le cercle des killer whales, se ressert ; en concentrant le banc. Lorsque la boule de hareng est devenue bien dense, quelques individus se jettent dans le banc en donnant de violents coups de queue.

Les poissons sonnes par l'onde de choc sont alors devorer. Ceux qui remontent a la surface sont happes par les mouettes qui se sont regrouppees au dessus de la chasse pour participer au festin. Nos appareils photos chauffent. Nous ne savons plus ou mettre les yeux. Les orques sont partout autour du bateau. Lorsque le banc est "nettoye", les orques se remettent en ordre de marche et partent vers la sortie du fjord.

Nous navigons quelques temps, encore, a la recherche d'un autre groupe, mais rien. La marin nous mitonera un cafe, absolument immonde, mais chaud et offert avec le sourire. Le ciel s'eclaircit legerement au moment ou nous rentrons au port. Il fait bientot nuit.
Le lendemain, nous sommes sur le port avec le materiel de plongee, febriles. Nous embarquons et faisons route, cap a l'ouest. Nous navigons, navigons, navigons ... RIEN. A si, nous recevrons une bonne pluie. Apres quelques heures, nous rentrons, bredouille.

Les jours passent et ... se ressemblent. Une journee, Jean et Odile sont partis seuls, nous avions un peu craque. Outre les trombes d'eau qu'ils ont pris sur la tete, ils ont apercu au loin un groupe d'orques qui ne s'est jamais arrete et qu'ils n'ont jamais pu rattraper.

Nous ne les reverrons plus jamais. Notre retour en France sera marque par cette grosse deception. Mais nous ne sommes pas dans un zoo. Les animaux vont et viennent. C'est en parti le sel de nos expeditions. Cette incertitude. Mais cela nous servira de lecon. Desormais nous ne nous dirons plus: "- On verra demain."

L'organisation, a bord du camion, s'est faite toute seule.En fonction des aptitudes de chacun. Bertrand ayant une bonne habitude des camions et des boites auto, a pris le volant. Jean s'est occupe du camion (vidange des eaux usees et remplissage des eaux claires). Odile, des courses et des traductions. Nath de Maeva. Moi de la cuisine.

Nous avons eu froid (un peu) et nous comptons nous rechauffer lors des prochaines vacances

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