La Peninsule de Valdes
Chubut - Patagonie - Argentine
Nous avons rencontre Luis en Polynesie. Il nous a propose de venir voir les baleines qui sejournent en Peninsule de Valdes de Juillet a Novembre.
Nous rentrons de Polynesie en Juin, courant Juillet un fax de Luis nous informe que les baleines sont arrivees. Le temps de nous organiser, ... et de verifier nos comptes, les billets sont pris.
C'est par un petit matin de Novembre (1993) que nous atterrissons a Buenos Aires, apres un long voyage via Londres et Rio. Luis nous accueille comme si nous etions de la famille. Apres un peu de repos, nous passons la journee a recuperer le necessaire a notre expedition. Materiel et nourriture. Puis nous chargeons le tout dans les deux vehicules que nous utiliserons. Un J9 et un petit coupe, conduit par des amis de Luis.
Apres une nuit reparatrice, nous partons pour la peninsule. Le voyage durera une journee et une nuit, entrecoupe de 2 crevaisons (1/vehicule). Notre "caravane" traversera des etendues magnifiques. Aussi magnifique que le spectacle qui nous attend a l'arrivee sur la peninsule. Nous sommes sur un plateau desertique. Les pistes nous font le coup de la tole ondulee du "salaire de la peur". Luis nous fait monter le camp a Pardella, petite crique de sable, derriere Punta Pyramides. Les baleines sont a cinquante metres du bord. Je reve !!!!!
On reste calme (enfin j'essaie). Nous installons le camp et vidons le J9, qui nous servira, a Nath et moi, de chambre ; Luis dormira avec ses amis dans la tente. Pendant que la petite equipe se relaie pour gonfler le zod (a la main), je ne tiens plus, j'enfile la combinaison, attrape l'appareil photo (prepare la veille sur la route, et me met a l'eau (glaciale) pour rejoindre les baleines.
Le petit groupe est constitue de deux adultes et d'un bebe. Lorsque je les rejoins (apres pas mal de temps, je ne les imaginais pas si loin) personne ne s'interresse a moi. Et moi, ... je sais plus ou j'en suis. J'ai le coeur qui bat a tout rompre. L'emotion est ... wouaaaaaaaah. J'ai l'impression de voir des immeubles sous l'eau (l'eau et le masque donne un grossissement d'1/3). Je mitraille a tout va.
A un moment, je suis tout contre une baleine, je photographie son oeuil. Elle avance, je la regarde faire puis ... "-Il va y avoir un probleme, la caudale etant plus large, je vais me la manger." Et bien non, arrive a ma hauteur, elle l'a tournee de maniere a m'eviter, moi, le moustique. Le reste de l'expedition me rejoint en bateau, je monte a bord (j'ai fini ma pellicule), et Luis met le cap sur une zone qu'il connait bien.
De loin nous voyons un rocher emmergeant. Au fur et a mesure que nous nous rapprochons, des details apparaissent. Ce rocher est couvert d'otaries a fourrure (lionnes de mer). Alors que cette espece est nomade, ce rocher en heberge du 1er Janvier au 31 Decembre. A notre arrivee, elles se jettent a l'eau pour venir nous accueillir. Je change de pelloche et me glisse dans l'eau (toujours aussi glaciale, mais j'avais oublie). Sous l'eau, c'est la fete. Elles nagent dans tous les sens, me frollent. Il y en a meme une qui attrape ma palme avec ses deux nageoires, et qui mord dedans, histoire de voir.
Hebete dans cette danse, je me rends compte d'un barouffe en surface. Je leve la tete. Luis fait tout ce qu'il peut pour attirer mon attention. Je regarde dans la direction qu'il m'indique. Une baleine, certainement attiree par l'effervescence causee par les jeux de notre troupe et des lionnes, vient droit sur nous. Elle nous observe puis reprend sa route. Pendant ce temps, le male, le patron du harem, s'est mis a l'eau. Il n'apprecie pas nos jeux (platoniques) avec ses epouses preferees. Il commence par les brutaliser puis effectue sur nous quelques simulacres de charge, et vue qu'il doit faire ses 200 kg, nous n'attendons pas que cela degenere et nous lui laissons la place.
Retour au campement, casse-croute, mise en route du compresseur pour gonfler les bouteilles pour demain et preparation du repas du soir.
Pendant que nous dinions, le souffle des baleines nous parvient. De tres pres. Nous allons voir munis des nos lampes. Une mere et son petit tournent a quelques metres du bord.
La nuit fut courte, le sommeil peuple de baleines et d'otaries.
Le soleil leve, moi aussi. J'installe mes panneaux solaires pour recharger les batteries de mes flashs et du camescope. Luis et ses amis sortent de la tente. Oh la vache!!! Ils sont rubicons, ... et a la reflexion, je ressens aussi la cuisson des coups de soleil. L'eau froide nous a masque le fait que le soleil tapait fort.
Apres un tres solide petit dej, la vaisselle a l'eau de mer, et rincage a l'eau douce (nous economisons au maximum notre eau douce).
Nous enfilons nos combis, chargeons nos bouteilles sur le zod et partons voir nos copines. Echec. Le bruit des detendeurs a tendance a les faire fuir. L'apnee est vraiment l'ideal. Nous partons deposer les blocs au campement et reprenons la mer en direction d'une plage que Luis connait bien. Elle a la particularite de recevoir les courants de la baie, et donc une bonne partie des animeaux morts. ... non non, je ne suis pas devenu charognard. Nous decouvrirons quelques vertebres de baleines (plus hautes que moi), et un tas d'autres ossements, plus transportables et parfaitement nettoyes par les poissons, les crabes, les oiseaux et autres necrophages. Quelques souvenirs un peu particuliers, mais qui ont un autre cachet que les objets "made in taiwan" que l'on peut trouver en boutique.
Sur le chemin nous tombons sur une baleine et son baleineau. Elles viennent se frotter sous le bateau. Inutile de vous dire que ca bouge un peu. Nous nous sommes mis a l'eau. Le "petit" fait preuve d'une tres grande curiosite a notre egard. Il est pose sur le fond et voit Nestor (un gaillard de 95kg), au dessus de lui. Il monte dessus et le pousse du nez, comme un chien pousse une balles. Sauf que Nestor a vole sur plusieurs metres. Pendant ce temps, la mere qui s'est eloignee, appelle son petit.
Les sons graves qu'elle emet nous traversent le corps, mais font peu d'effets au petit qui me suit. D'un seul coup, je vois la maman arrivee sous le petit, le bousculer de la tete et sa queue m'arriver dessus. Je me mets en boule dans l'attente du choc, tenant mon camescope d'une main et mon masque de l'autre. En fait sa queue arrive delicatement en contact, sous mon bras, puis sa "prise" assuree, me propulse a bonne distance. Nous regagnons tous le bateau en comptant nos os et retour au campement.
Pendant la nuit, le vent se leve, nous enterons la tente de camping.
Au reveil, le vent est un peu tombe, mais les conditions sont difficiles, la mer est demontee. Dans l'attente d'une amelioration, nous partons a pied le long de la cote, puis en desespoir de cause, nous quittons la peninsule pour aller trouver un hotel a Puerto Madryn. Si vous avez bien compte, cela fait 4 jours que nous avons quitte Buenos Aires. 4 jours que nous n'avons pas vus de douche. 4 jours que nous nous couchons couvert d'eau salee. Les cheveux coles et blancs de sel. Vous auriez vu la tete du receptionniste lorsque nous avons demande des chambres ... . Une douche, quelle merveille. Une nuit dans un lit douillet ... J'avais oublie.
Le lendemain, shopping dans Puerto Madryn puis nous reprenons la route pour Buenos Aires. Chemin de retour sans encombre. Les quelques jours suivant, Luis nous fait visiter Buenos Aires et organise une conference avec ces eleves (il est directeur d'un club de plongee), ou nous montrons la video faite durant ces 3 jours.
Le peu de temps, reste sur place, me laisse un petit gout amer. Je demande a Luis, s'il peut me servir de contact pour une prochaine expedition avec des copains de France. Il accepte.
Pour finir l'expedition 93, deux petites video
Baleine << Sequence quicktime >> Lionne de mer
Pour cette deuxieme expedition, il nous a fallu 2 ans de preparation. L'equipe a ete vite trouvee. ... ah oui, une petite Maeva nous a rejoint depuis Septembre 94. Jean, Florence et Francois ne se sont pas fait beaucoup pries pour cette expedition. Nous avons opte pour la solution du camping car (beaucoup de particuliers, bricolent des car et les louent) et Luis nous a trouve un hotel pour nous receptionner sur B.-A. et preter son bateau.
Le voyage s'est deroule sans difficultes, hormis une brigade speciale qui nous a deleste de tout notre stock de viande, achete au Carrefour de B.-A. . Il est interdit de faire passer de la viande en Patagonie, pour des raisons protection du betail (risque de contamination par la fievre afteuse).
La peninsule a change en deux ans, des routes ont ete bitumees, Puerto Pyramides, a gonfle. Des hotels ont pousse. Des strutures proffetionnelles, proposent d'emmener le chalant voir les baleines. Tous nous proposent leurs services, que nous refusons poliment.
Nous nous intallons a Pardella, les baleines sont au rendez-vous. Le lendemain matin, nous sommes tous a bord du pneumatique (sauf Nathalie qui surveille Maeva) en direction des baleines quand surgit de derriere la pointe, le Zod de la police maritime. Papiers, permis, diplomes de plongee ... . Et nous n'avons rien. Le bateau de Luis tient plus, grace au rustines, qu'au caoutchou d'origine. Son moteur, de faible cylindre. ... et diplome de plongee alors que nous faisons de l'apnee ... .
Le seul papier que nous ayons est celui de moniteur de plongee de Jean. Pour l'obtenir, il faut le permis bateau. Sauf que c'est un diplome de la CMAS et la seule autorite competente pour eux est la prefecture navale ... .
Bref des heures de palabres inutiles. Nous deposons tout le monde au camping-car et Jean et moi partons pour le poste de police naval de Puerto Pyramides. Coup de fil a Luis, qui par fax envoie les papiers du bateau. Les choses se calme, mais ils en rajoutent. Nous n'avons pas d'autorisation de filmer les baleines. Nous n'avons pas l'autorisation d'approcher les animeaux. Lorsque nous leurs demandons pourquoi les proffessionels ont le droit d'encercler une mere et son petit avec leurs bateaux en laissant tourner les moteurs. Ils nous ont repondu qu'eux payaient des taxes. Dans les faits, ce sont eux qui sont venu porter plainte aupres de la police maritime.
Finalement, la police nous a foutu la paix, mais remis dans les mains des gardiens de la zone.
Le lendemain matin, lorsque nous avons pris la mer, un bateau nous suivait afin de verifier que nous ne perturbions pas les baleines.
Les baleines sont moins nombreuses que la fois precedente (nous sommes en fin de saison) et elles se montrent moins "complices". Notre technique d'approche est simple. nous reperons un groupe. Nous nous posons sur leur trajectoire, moteur coupe. Soit, elles nous evitent, soit elles viennent sur nous.
Nous avions repere un groupe qui ne bougeait pas. Nous nous en approchons. Flo et moi nous mettons a l'eau. Celle-ci est glauque. alors que l'on voit les baleines en sortant la tete de l'eau, il est impossible de les voir sous l'eau. Flo "traine" derriere moi. Je fait demi-tour pour lui demander ce qui ce passe, elle est gelee (de trouille). Je lui prend la main et la tire. Lorsque nous sommes en vue des baleines, c'est a dire tres pres, elle oublie le froid. Il sagit d'un groupe de 4 adultes. Elles n'arretent pas de se frotter les unes contre les autres (et ca remue beaucoup d'eau). Y compris contre nous ... . tout ca ressemble fort a une sceance de "bete a deux dos". Nous restons quelques minutes, puis devant le risque d'etre coince, entre deux mastodontes, nous regagnons le bateaux. Flo n'avait plus froid, et moi, la trace de ses ongles dans la main ... .
Nous quittons ce groupe pour prendre la direction du rocher aux otaries. Arrives a proximite, l'effervescence reigne a bord du bateau. Dans l'excitation, Flo fait tomber le cache de son objectif dans l'eau. Il se depose sur le fond, qui n'est pas loin. Jean s'apprete a se mettre a l'eau pour aller le rechercher, lorsqu'une otarie, arrive et l'emporte. ... elle revient et redepose le cache sur le fond ... . Il faudrait que je pense a arreter certaines substances.
Le reste de notre sejour se passera entre danses avec les otaries, complicites avec les baleines, balades sur la plage aux ossements (nous avons du laisser une mandibule de baleine, elle ne rentrait pas dans la bateau) et parties de cache-cache avec la police et autres autorites locales. Une elephante de mer est meme venue se reposer sur notre plage.
Un jour, nous avons pousse avec le car, jusqu'a Punta Norte. lieu de rassemblement des elephants de mer, dans la brume oceanique. Sur le retour, nous nous sommes arretes et avons traverse le "no man's land" menant a la mer et la, du haut des dunes, nous avons pu voir des dizaines d'elephants. En pleine contemplation, nous voyons passer dans l'eau, a quelques metres du rivage, un groupe d'orques. Aucun elephant suicidaire ne se decidera a faire le show. Nous repartons un peu decu.
Quelques temps apres notre retour, en France, Luis me prevenait que la peninsule etait fermee aux "plongeurs". Que seuls, les proffessionnels etaient autorises a mettre un bateau a l'eau dans les deux golfs, et que seul les clubs de Puerto Madryn, etait autorise a emmener les plongeurs pres des baleines.
Le busisness est arrive en peninsule plus vite qu'un feu en Corse.
Maeva en a profite pour s'essayer a la marche sur les galets de Pardella :-) Le passage rapide des orques, nous a donne envie d'en voir plus.